Au fil de l’eau – Flux

2020-2021 – Sculptures en taille directe sur bois de cèdre altéré et métal assemblés

Extrait du texte de Louis Doucet, Critique d’art et commissaire d’exposition, sept 2025

Lors de ma visite d’atelier, j’avais aussi remarqué une autre série de pièces en bois, de petites dimensions, celles-ci, non pas suspendues mais posées sur des socles de fortune ou au sol : la série des six sculptures en taille directe et assemblage Au fil de l’eau, 2020-2021. Leur matière première provient d’un ensemble de poutres en cèdre, récupérées sur un parking où elles étaient exposées aux intempéries, à la pluie, surtout. Leur cœur commençait à subir un processus de désintégration, de pourrissement. Quand l’artiste les trancha, elles révélèrent des motifs semblables à ceux des fossiles, mais infiniment plus fragiles et friables, lépreux… Dans Cascade, la poutre montre ses entrailles en décomposition, qui dégoulinent en un flot de menus fragments rendus solidaires par de petits fils de cuivre. Dans les Vagues ou dans Ruissellement, la structure fragilisée est contenue par des plaques de zinc gravées à l’eau-forte, lesquelles jouent le rôle de prothèses ou d’atèles consolidant des membres défaillants.
Dans ces œuvres, les paysages intérieurs de la matière, entrent en résonance avec ceux de l’artiste qui les met en évidence, les manifeste9. Le regardeur ne peut s’empêcher d’établir une correspondance entre cette substance malade et ses propres membres, son corps, son esprit, eux aussi victimes des aléas du temps qu’il fait et du temps qui passe10… Ici, les propositions de Pascale Ract se comportent comme des miroirs réfléchissant notre condition humaine… ou nous forçant à y réfléchir… Les deux sens du mot réflexion…

Installation « coquille au fil de l’eau » – Galerie Noir & Blanc Bastia mai 24